Le « Quiet Quitting« , ou « démission silencieuse » en français, est un concept qui a émergé pour décrire une situation où les employés choisissent de faire le strict minimum au travail, sans pour autant quitter officiellement leur emploi.
Ils continuent à remplir leurs fonctions de base mais se désengagent de toute activité supplémentaire qui dépasse leurs responsabilités contractuelles. Cela inclut souvent le fait de ne pas travailler au-delà des heures prévues, de ne pas chercher à prendre des initiatives supplémentaires ou d’aller au-delà de ce qui est explicitement requis par leur rôle.
Ce phénomène est souvent interprété comme une forme de protestation passive contre les conditions de travail, un manque de reconnaissance, ou une surcharge de travail perçue comme injuste. Il reflète une limite que les employés mettent entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, cherchant à préserver leur bien-être mental et émotionnel. Le « Quiet Quitting » souligne un déséquilibre possible entre les attentes des employeurs et les capacités ou désirs des employés.
Au début des années 2020, sous l’impulsion des médias sociaux, l’abandon silencieux du travail est devenu une tendance très médiatisée aux États-Unis et ailleurs. Toutefois, certains observateurs se sont interrogés sur la fréquence de ce phénomène et sur sa nouveauté.
à retenir
- Le terme « Quiet Quitting » fait référence aux employés qui ne font pas plus d’efforts dans leur travail que ce qui est absolument nécessaire.
- Le rapport 2023 « State of the Global Workplace » de Gallup indiquait que 59 % de la main-d’œuvre mondiale était constituée de démissionnaires silencieux.
- Le Quiet Quitting est souvent vu comme une réaction contre la culture du surmenage et de l’hyper productivité dans le milieu professionnel. Il survient généralement lorsque les employés ressentent que leur équilibre travail-vie personnelle est menacé ou que leurs efforts ne sont pas suffisamment reconnus par leur employeur.
- Malgré son nom, le Quiet Quitting ne signifie pas que les employés démissionnent de leur poste. Au lieu de cela, ils choisissent de se limiter à accomplir uniquement les tâches pour lesquelles ils sont payés, sans s’engager au-delà des attentes de base de leur emploi.
- Ce phénomène peut avoir un impact significatif sur la dynamique et la productivité du lieu de travail. Il peut conduire à une baisse de la motivation générale, influer sur la collaboration entre collègues et potentiellement ralentir la progression de projets importants.
- Le Quiet Quitting peut servir de signal d’alarme pour les gestionnaires et les dirigeants d’entreprise. Cela indique souvent qu’il est nécessaire de revoir les pratiques de gestion, d’améliorer la communication et de renforcer l’engagement des employés pour créer un environnement de travail plus équilibré et soutenant.
Comment fonctionne la démission silencieuse
Dans un article paru en septembre 2022 dans la Harvard Business Review et visant à expliquer le phénomène de démission silencieuse aux cadres inquiets, les professeurs Anthony C. Klotz et Mark C. Bolino ont observé que « les démissionnaires silencieux continuent de s’acquitter de leurs responsabilités principales, mais ils sont moins disposés à s’engager dans des activités connues sous le nom de comportements citoyens : ils ne restent plus en retard, ne se présentent plus en avance et n’assistent plus aux réunions non obligatoires ».
Harvard
La réaction des cadres à ce phénomène a été mitigée.
Certains ont fait preuve de tolérance, en partie parce que l’étroitesse du marché de l’emploi de ces dernières années rend difficile le remplacement des démissionnaires silencieux, du moins pour l’instant. D’autres ont réagi en licenciant discrètement, ou bruyamment, les employés qu’ils considéraient comme des fainéants. En fait, le « licenciement discret » est devenu une expression à la mode, généralement définie comme le fait de rendre un travail si peu gratifiant que l’employé se sentira obligé de démissionner.
Au-delà du lieu de travail, l’expression « démission tranquille » s’applique désormais aux aspects non professionnels de la vie des gens, tels que les mariages et les relations.
La démission silencieuse est-elle une véritable tendance ?
Selon une enquête Gallup réalisée en juin 2022 auprès de travailleurs âgés de 18 ans et plus, les démissionnaires silencieux » représentent au moins 50 % de la main-d’œuvre américaine, et probablement plus « .
Dans le rapport « State of the Global Workplace 2023 » de Gallup, 59 % de la main-d’œuvre mondiale sont des démissionnaires silencieux.
Ce pourcentage est particulièrement élevé chez les travailleurs de moins de 35 ans, selon Gallup.
Pour son enquête 2022, Gallup est parvenu à cette conclusion en utilisant une série de questions relatives à l’engagement des travailleurs, défini comme « l’implication et l’enthousiasme des employés dans leur travail et leur lieu de travail « .
L’enquête a révélé que seuls 32 % des travailleurs étaient engagés, tandis que 18 % étaient désengagés, c’est-à-dire qu’ils ne cachaient pas leur insatisfaction au travail. Les 50 % restants, selon Gallup, pourraient être considérés comme des démissionnaires silencieux, c’est-à-dire des personnes qui ne sont pas particulièrement engagées dans leur travail, mais qui ne le font pas savoir.
Si ces chiffres sont exacts, 68 % des travailleurs américains ne sont pas satisfaits de leur travail à un degré ou à un autre.
Mais tout le monde n’est pas de cet avis. Dans un article paru dans The Atlantic, Derek Thompson a souligné que les chiffres de Gallup sur l’engagement en 2022 n’étaient pas si différents de ceux qui remontaient à 2000.
Plutôt que de décrire un nouveau phénomène, Thompson affirme que « le terme a pris de l’ampleur en partie parce que les travailleurs épuisés ou qui s’ennuient cherchent désespérément un nouveau vocabulaire pour décrire ce qu’ils ressentent « .
Exemples de renoncement silencieux
NPR a interrogé ses auditeurs sur l’abandon silencieux et a publié un groupe de leurs réponses dans un article en ligne datant de septembre 2022. Certains n’aimaient pas le terme, mais adhéraient au concept.
Une assistante administrative, Christy G., a notamment déclaré :
« Je n’interagis avec rien au travail avant 7 heures ou après 16 h 30, heure à laquelle mon bureau est ouvert. Je travaille dans une entreprise et mes tâches ne sont donc pas des tâches de vie ou de mort. Si quelqu’un me demande quelque chose, par exemple un dossier scanné ou quelque chose de ce genre, à la fin de la journée, cela peut attendre jusqu’au lendemain ».
Une responsable de service, Sara M., a expliqué à NPR que ses priorités et ses valeurs avaient changé depuis le début de la pandémie de COVID-19 :
« Je quitte maintenant mon bureau à la fin de la journée sans penser à ce sur quoi je dois travailler lorsque je rentre chez moi le soir. Je me suis fixé des limites pour consulter mes courriels et contacter mes collègues en dehors des heures de bureau. Plus important encore, je ne ressens aucune anxiété lorsqu’il s’agit de demander des congés, de prendre des jours de congé ou, surtout, de prendre des congés de maladie « .
Le phénomène de Quiet Quitting présente plusieurs dangers pour les entreprises, notamment :
- Diminution de la productivité : Lorsque les employés limitent leur engagement à faire uniquement ce que leur poste exige strictement, cela peut conduire à une baisse notable de la productivité globale. Les tâches supplémentaires, souvent vitales pour le développement et l’innovation au sein de l’entreprise, ne sont plus réalisées.
- Détérioration du climat de travail : Le Quiet Quitting peut créer un environnement de travail négatif, où le manque d’engagement et de motivation d’une partie des employés affecte le moral de toute l’équipe. Cela peut mener à un cercle vicieux de baisse de motivation collective.
- Impact sur la rétention des employés : Si le Quiet Quitting est répandu au sein d’une organisation, cela peut être un indicateur de problèmes de management ou de culture d’entreprise. Les employés les plus talentueux ou ambitieux peuvent choisir de quitter l’entreprise pour chercher des opportunités plus épanouissantes ailleurs.
- Ralentissement de la croissance : Les entreprises où le Quiet Quitting est courant peuvent rencontrer des difficultés à innover ou à répondre rapidement aux évolutions du marché, car les employés ne vont pas au-delà de leurs fonctions de base pour explorer de nouvelles idées ou améliorer les processus existants.
- Coûts cachés : Le Quiet Quitting peut entraîner des coûts cachés importants pour l’entreprise, incluant la nécessité de superviser davantage les employés, de réviser les stratégies de management et potentiellement d’investir dans des initiatives de bien-être et de formation pour re-motiver le personnel.
- Risque de mauvaise presse et de réputation : Si le phénomène est associé à l’entreprise de manière publique, cela peut nuire à la réputation de l’entreprise, rendant plus difficile l’attraction de nouveaux talents et la conservation des clients ou partenaires commerciaux.
Pour contrer ces risques, il est crucial pour les entreprises de comprendre les causes profondes du Quiet Quitting et d’adopter des stratégies proactives pour engager et soutenir leurs employés efficacement.
Comprendre le Quiet Quitting en 2024
En 2024, comprendre le phénomène de Quiet Quitting est crucial pour les entreprises désireuses d’adapter leurs pratiques de gestion à un marché du travail en constante évolution.
Voici quelques éléments clés à considérer pour mieux comprendre le Quiet Quitting dans le contexte actuel :
Évolution des Attentes des Employés
Les attentes des employés ont évolué, avec une plus grande importance accordée à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi qu’à la recherche de sens et de satisfaction au travail. Les employés d’aujourd’hui, notamment les plus jeunes générations comme les Millennials et la Génération Z, privilégient les postes qui offrent flexibilité, autonomie et reconnaissance.
Impact de la Pandémie
La pandémie de COVID-19 a également eu un impact profond sur les attitudes envers le travail. Beaucoup ont réévalué ce qu’ils attendent de leur emploi et de leur employeur, favorisant des modes de travail plus flexibles comme le télétravail ou les horaires modulables. Cette réévaluation continue d’influencer la manière dont les gens choisissent de s’engager dans leur travail.
Réponse aux Cultures de Surmenage
Le Quiet Quitting peut être vu comme une réponse directe à des cultures d’entreprise qui valorisent les longues heures et le surmenage, souvent au détriment de la santé et du bien-être des employés. En 2024, ce phénomène souligne l’importance pour les entreprises de repenser leurs attentes et de valoriser la qualité du travail plutôt que la quantité.
Signal d’Alarme pour les Employeurs
Pour les employeurs, le Quiet Quitting doit être interprété comme un signal d’alarme indiquant que les employés pourraient ne pas se sentir valorisés ou écoutés. Cela peut indiquer des problèmes plus profonds dans la gestion des ressources humaines ou dans la culture de l’entreprise, qui nécessitent une attention et des ajustements stratégiques.
Nécessité d’une Nouvelle Gestion
Les méthodes traditionnelles de gestion peuvent ne plus être efficaces pour motiver et engager les employés en 2024. Les entreprises doivent adopter des approches plus modernes, qui incluent une communication transparente, la reconnaissance des efforts individuels, et un soutien accru pour le développement professionnel et personnel.
Que peuvent faire les entreprises pour lutter contre les démissions silencieuses ?
Les entreprises peuvent prendre plusieurs mesures pour lutter contre le phénomène de Quiet Quitting et améliorer l’engagement des employés. Voici quelques stratégies efficaces :
- Amélioration de la communication : Encourager une communication ouverte et régulière entre les employés et la direction. Les réunions régulières, les enquêtes d’opinion et les sessions de feedback peuvent aider à identifier et à adresser les problèmes avant qu’ils ne mènent au désengagement.
- Reconnaissance et valorisation : Mettre en place des programmes de reconnaissance qui valorisent les contributions de chaque employé. Cela peut inclure des récompenses, des promotions, des augmentations de salaire, ou simplement des félicitations publiques.
- Équilibre travail-vie personnelle : Promouvoir un équilibre sain entre le travail et la vie personnelle. Cela peut inclure des horaires flexibles, la possibilité de télétravail, et le respect des heures de travail sans encourager le surmenage.
- Opportunités de développement professionnel : Offrir des formations et des opportunités de développement professionnel pour aider les employés à progresser dans leur carrière et à se sentir plus engagés et valorisés au sein de l’entreprise.
- Management bienveillant : Former les managers à reconnaître les signes de désengagement et à pratiquer un style de management soutenant et bienveillant. Un bon management peut faire toute la différence en termes de satisfaction et d’engagement des employés.
- Conditions de travail optimales : S’assurer que les conditions de travail sont optimales, incluant un environnement de travail sûr, confortable et stimulant. Cela peut aussi concerner l’équipement, les outils de travail, et les ressources nécessaires pour bien faire leur travail.
- Politiques de santé mentale et bien-être : Mettre en place des programmes de soutien au bien-être et à la santé mentale, tels que des ateliers sur le stress, des abonnements à des services de méditation, ou l’accès à des conseillers professionnels.
- En mettant en œuvre ces stratégies, les entreprises peuvent non seulement combattre le Quiet Quitting, mais aussi créer un environnement de travail plus dynamique, motivant et productif pour tous.
FAQ « Quiet Quitting »
Qu’est-ce que le Quiet Quitting ?
Le Quiet Quitting, ou démission silencieuse, est l’acte par lequel un employé décide de ne faire que le minimum requis par son poste, sans pour autant démissionner. Il continue à accomplir ses tâches essentielles mais cesse de s’engager au-delà de ce qui est explicitement demandé.
Qui a inventé le terme Quiet Quitting ?
Selon le Los Angeles Times, la première utilisation connue de l’expression « quiet quitting » a été faite par Bryan Creely, un recruteur d’entreprise basé à Nashville devenu coach de carrière, qui l’a invoquée dans une vidéo du 4 mars 2022 postée sur TikTok et YouTube. D’autres sources citent l’économiste Mark Bolger qui a inventé le terme en 2009. D’autres auteurs font remonter le concept, mais pas le terme, à la Chine, où un phénomène similaire sur le lieu de travail, appelé « se coucher à plat », semble avoir vu le jour environ un an plus tôt. « Quiet Quitting.
Pourquoi les employés pratiquent-ils le Quiet Quitting ?
Les raisons peuvent varier, mais elles incluent souvent le sentiment de surcharge de travail, un manque de reconnaissance, des attentes professionnelles non réalistes, ou un déséquilibre entre la vie professionnelle et personnelle.
Comment détecter le Quiet Quitting ?
Certains signes peuvent indiquer que quelqu’un pratique le Quiet Quitting, comme une baisse de l’engagement dans les projets, le fait de ne pas participer aux activités non obligatoires, ou un changement dans l’attitude envers le travail.
Quelles sont les conséquences du Quiet Quitting pour une entreprise ?
Le Quiet Quitting peut entraîner une baisse de la productivité, affecter le moral des autres employés, et nuire à la culture d’entreprise. Il peut également indiquer des problèmes plus profonds dans la gestion des ressources humaines.
Que peuvent faire les employeurs pour prévenir le Quiet Quitting ?
Les employeurs peuvent agir en améliorant la communication avec les employés, en reconnaissant leurs efforts de manière appropriée, en assurant un équilibre travail-vie personnelle respecté, et en s’assurant que les charges de travail sont réalistes et gérables.
Le Quiet Quitting est-il une tendance en hausse ?
Bien qu’il soit difficile de quantifier précisément, de nombreux experts suggèrent que le phénomène est en augmentation, notamment en réaction aux pressions accrues dans les milieux de travail modernes et à l’évolution des attentes des employés concernant leur carrière et leur bien-être.
Comment les employés peuvent-ils communiquer leurs préoccupations avant d’en arriver au Quiet Quitting ?
Il est important pour les employés de discuter ouvertement de leurs préoccupations avec leur hiérarchie directe ou les ressources humaines. Une communication efficace peut souvent résoudre les problèmes avant qu’ils ne mènent au Quiet Quitting.